Sensibilités chimiques multiples
« SCM/MCS » est l’abréviation de sensibilités chimiques multiples (Multiple Chemical Sensitivities). Sur cette page, vous découvrirez les déclencheurs, les symptômes, les outils de diagnostic et les traitements disponibles pour les personnes atteintes de SCM.
Veuillez noter que la plupart des sources citées ci-dessous proviennent de publications scientifiques internationales et ne sont donc disponibles qu’en anglais.
Contexte :
Toute vie sur terre est composée de produits chimiques, y compris les plantes, le sol, l’eau, l’air, les bactéries, les champignons, les animaux et les êtres humains. Cependant, au cours des dernières générations, l’homme a synthétisé des milliers de produits chimiques synthétiques et, aujourd’hui, plus de 350 000 produits chimiques et mélanges industriels sont enregistrés dans le monde. Le problème est que tous ces produits chimiques n’ont pas fait l’objet d’études sur leurs effets à faible dose et à long terme. Nombre de ces produits chimiques peuvent être nocifs : si leurs effets ne sont pas ressentis de manière aiguë, ils peuvent l’être à long terme, contribuant ainsi aux maladies chroniques et à l’augmentation des taux de morbidité. La production de produits chimiques est liée à l’extraction de combustibles fossiles à l’échelle mondiale et aux questions plus vastes du changement climatique et de la durabilité future de l’énergie verte.
Lorsqu’une personne pense à des produits chimiques entrant dans l’atmosphère, elle imagine peut-être la pollution s’échappant de hautes cheminées industrielles ou s’échappant du pot d’échappement d’une voiture, mais des recherches récentes suggèrent que les produits chimiques rejetés de manière cumulative par les produits de consommation (en particulier dans les logements résidentiels et sur les lieux de travail) pourraient actuellement constituer l’une des plus grandes sources urbaines d’émissions en Amérique du Nord. Certains produits chimiques ménagers, y compris, mais sans s’y limiter, ceux utilisés dans les produits de soins personnels parfumés, les nettoyants, le vernis à ongles, les parfums, les tapis, les désodorisants, les meubles, les pesticides et les matériaux de rénovation, peuvent contribuer à la pollution de l’air de la même manière que les émissions industrielles et la circulation routière. Cela s’explique en partie par le fait que leur composition chimique est dérivée des éléments de base du pétrole brut et du gaz naturel, et qu’ils réagissent donc avec d’autres produits chimiques présents dans l’air, l’eau et le sol lors de leur utilisation quotidienne. Par exemple, de nombreux produits de consommation tels que ceux énumérés ci-dessus ont besoin de solvants, qui sont des éléments à base pétrochimique (c’est-à-dire des produits chimiques provenant du pétrole ou du gaz naturel) qui aident à maintenir les mélanges chimiques ensemble. Les centaines, voire les milliers de produits chimiques avec lesquels nous interagissons chaque jour font partie de l’ensemble des expositions auxquelles notre corps est soumis tout au long de notre vie, également appelé « exposome« .
« la vaste gamme d’expositions externes spécifiques qui comprennent les radiations, les agents infectieux, les contaminants chimiques et les polluants environnementaux, l’alimentation, les facteurs liés au mode de vie (par exemple, le tabac, l’alcool), la profession et les interventions médicales » (Wild, 2012).
Bien que la recherche scientifique sur les contributions des produits de consommation à la qualité de l’air intérieur soit encore en évolution, nous savons que dans l’ensemble au Canada, ils ont un impact significatif, qu’il est très complexe, qu’il implique de nombreuses réactions chimiques en cours, et qu’il dépend de nombreux facteurs, tels que la ventilation et les variables météorologiques comme la chaleur et l’humidité.
La présence de produits chimiques à l’intérieur des bâtiments est devenue ordinaire et quotidienne. La plupart du temps, les produits chimiques de consommation sont utilisés pour rendre les espaces et ceux qui les occupent plus fonctionnels, élégants, confortables, esthétiques ou agréables, par exemple lorsqu’ils sont utilisés pour les soins personnels et la « beauté », le nettoyage et l’assainissement, la rénovation et la réparation des bâtiments, et à des fins esthétiques telles que la création d’ambiances décoratives. Ces activités sont devenues des formes importantes de rituels et de routines domestiques. Cependant, il est nécessaire de changer la culture entourant les produits de consommation pour donner la priorité à l’accessibilité collective, et de changer les produits utilisés, afin d’éliminer les obstacles pour les personnes affectées par l’exposition aux produits chimiques et la qualité de l’air. Changer cette culture, c’est aussi renforcer la sécurité et la prévention pour tous.
Symptômes :
Plus d’un million de Canadiens ont été diagnostiqués avec la SCM. La SCM est une maladie chronique grave et un handicap qui affecte le fonctionnement quotidien lorsqu’une personne a des réactions importantes à des facteurs environnementaux, tels que des produits chimiques, des aliments et des agents biologiques. Les personnes atteintes de SCM constatent qu’après des expositions répétées, elles deviennent de plus en plus sensibles à une série de produits chimiques. De plus en plus de recherches scientifiques soutiennent l’existence d’une base biologique pour la sensibilité chimique multiple, qui implique de nombreux processus complexes, notamment l’inflammation, le stress oxydatif et la sensibilisation, qui se déroulent souvent au niveau cellulaire. Si de nombreuses personnes présentent un certain degré de sensibilité aux parfums, tout le monde n’est pas atteint de SCM. La prévalence internationale de la sensibilité aux parfums et de la SCM est estimée à 32,2 % et 7,4 % respectivement.
Les symptômes possibles de la SCM sont les suivants
- Système nerveux – odorat accru ; difficultés de concentration et/ou de mémorisation ; variabilité du traitement mental ; sensation d’abattement, d’être groggy ou sensation planante ; « brouillard cérébral », maux de tête, douleurs, agitation, hyperactivité, insomnie, dépression, manque de coordination ou d’équilibre, anxiété, crises d’épilepsie, acouphènes, fatigue, tension, confusion, perte de mémoire, vertiges.
- Appareil respiratoire supérieur – nez bouché, démangeaisons nasales (le « salut allergique »), oreilles bouchées, sinus bouchés, douleurs, infections chroniques.
- Appareil respiratoire inférieur – toux, respiration sifflante, essoufflement, lourdeur de la poitrine, asthme, bronchites ou pneumonies fréquentes.
- Yeux – yeux rouges et larmoyants ; cernes sous les yeux ; douleurs dans les yeux, troubles de la vision.
- Système gastro-intestinal – salivation excessive, brûlures d’estomac, nausées, ballonnements, constipation, douleurs abdominales, diarrhée.
- Système endocrinien – fatigue, léthargie, fluctuations de la glycémie.
- Système musculo-squelettique – douleurs articulaires et musculaires dans les extrémités et/ou le dos, contractions, spasmes ou faiblesses musculaires, gonflement des membres.
- Système cardiovasculaire – Rythme cardiaque rapide ou irrégulier, extrémités froides, tension artérielle élevée ou basse.
- Peau – bouffées de chaleur (sur tout le corps ou de manière isolée, par exemple au niveau des oreilles, du nez ou des joues), urticaire, eczéma, autres éruptions cutanées, démangeaisons.
- Système génito-urinaire – fréquence et urgence des mictions, spasmes douloureux de la vessie.
Bien que les symptômes de la SCM soient nombreux, il convient de noter que certains des symptômes les plus invalidants, notamment les symptômes neurologiques et respiratoires, peuvent s’améliorer grâce à l’accès à un air sain et à l’utilisation de produits de consommation à faibles émissions et moins toxiques.
Les statistiques montrent que la prévalence de la SCM est en augmentation au Canada.
Sensibilité chimique multiple (MCS) | Nombre, 2020 | %, 2020 | Nombre, 2016 | %, 2016 | Nombre, 2015 | %, 2015 |
Canada | 1,130,800 | 3.5 | 1,008,400 | 3.3 | 940,500 | 3.1 |
Source : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, Statistique Canada
Entre 2005 et 2010, le nombre de cas diagnostiqués de SCM a augmenté de 34 %. Ces chiffres en augmentation sont un appel à l’action pour reconnaître, diagnostiquer et traiter efficacement la SCM.
Le diagnostic de SCM
La SCM peut se développer chez des personnes de tous âges. Elle peut faire suite à une exposition chimique aiguë à grande échelle ou apparaître après des expositions répétées de faible intensité à des produits de consommation courants et à d’autres produits chimiques libérés dans l’environnement par l’intermédiaire de l’air, de l’eau ou du sol.
Il est important de comprendre que si les symptômes de la SCM apparaissent souvent à des niveaux d’exposition tolérés par de nombreuses personnes, cela peut signifier, mais ne se limite pas, à de faibles niveaux d’exposition. Pourquoi ? Parce que de nombreux espaces intérieurs quotidiens peuvent avoir une mauvaise qualité de l’air. De ce point de vue, la notion de « faible niveau » d’exposition devient plus compliquée. La situation se complique encore davantage lorsque l’on considère l’exposition de manière cumulative. La SCM est affectée à la fois par des espaces dont la qualité de l’air est médiocre, auxquels les personnes valides ne réagissent pas, et par des expositions cumulatives ou répétées que les personnes valides sont capables de tolérer.
Critères de diagnostic de la SCM
Schéma d’initiation et de sensibilisation subséquente observé dans les cas de sensibilités chimique multiples :
- Les symptômes sont reproductibles à la suite d’expositions chimiques répétées;
- La condition est chronique;
- Des niveaux d’exposition plus bas que ceux précédemment tolérés, ou tolérés par la population générale entraînent la manifestation des symptômes;
- Les symptômes s’améliorent ou disparaissent lorsque les incitants sont retirés;
- Les réponses se produisent à de multiples substances chimiquement non liées;
- Les symptômes impliquent plusieurs systèmes d’organes;
- Toujours non réfuté dans la littérature publiée près de deux décennies plus tard
- Définition utilisée à la fois en pratique clinique et en recherche
- Récemment (2018) confirmé par le MSSLD de l’Ontario par un groupe d’experts utilisant le processus Delphi
Il est nécessaire d’obtenir un diagnostic de sensibilité chimique multiple pour bénéficier du soutien, des accommodements et de l’accessibilité appropriés au handicap. Toutefois, il n’est pas nécessaire d’avoir un diagnostic formel pour bénéficier d’accommodements sur le lieu de travail ou dans le logement. Pour plus d’informations, veuillez consulter nos pages « Au Travail: Obtenir des Accommodements » et « Dans ma vie quotidienne: Des Produits Sains et un Air de Qualité« .
Afin d’en faciliter le diagnostic, d’identifier et de mesurer l’exposition et les symptômes et de constituer un dossier permettant à d’autres professionnels de prendre des mesures, la personne atteinte de SCM est encouragée à tenir un registre des disabilities positions et des symptômes afin d’aider à identifier les sources d’exposition, par exemple sur le lieu de travail.
D’autres outils utiles à partager avec votre médecin sont les questionnaires intitulés Questionnaire sur les antécédents et l’inventaire rapide de l’exposition et de la sensibilité à l’environnement (QEESI).
Traitement
Le principe de base du traitement est d’éviter les facteurs déclenchants afin de créer un environnement accessible et de favoriser la guérison de l’organisme :
- Reconnaître les déclencheurs actuels ou potentiels en dressant l’historique de l’exposition de la personne : communauté, logement, hobby (loisirs), profession, style de vie, régime alimentaire, médicaments (drogues) ;
- Tenir compte des expositions actuelles ou potentielles ainsi que des situations stressantes qui peuvent contribuer à l’affection, en les réduisant ou en les éliminant dans la mesure du possible ;
- Identifier la charge toxique de l’organisme, comme les métaux lourds ou les composés chlorés, à l’aide de tests appropriés, et intervenir de manière ciblée pour réduire cette surcharge ;
- Combler les carences nutritionnelles en vitamines et en minéraux, qui rendent plus difficile de métaboliser les agents déclencheurs ;
- Manger des aliments biologiques.
- Envisager l’utilisation de dispositifs d’assistance tels qu’un masque N95 avec un filtre à charbon actif ou un filtre à air intérieur HEPA avec charbon actif.
Le choix des produits est important pour la gestion de la sensibilité chimique multiple et pour la promotion d’environnements partagés accessibles.
Nos partenaires, l’Association québécoise pour la santé environnementale, ont élaboré un guide complet pour un mode de vie plus sain. Cet outil vous aidera à modifier vos choix de produits de consommation dans votre vie quotidienne et à éliminer les obstacles à l’accessibilité pour les personnes atteintes de sensibilité chimique multiple et d’autres handicaps liés à l’environnement, en particulier à la qualité de l’air. Vous trouverez le guide complet sur le site LaVieEcolo.ca.
Pour en savoir plus sur le choix des produits en relation avec l’aménagement du lieu de travail et l’action législative, veuillez consulter la section Ressources de notre site web dans le menu en haut de page.
Sources et informations complémentaires sur le diagnostic
Bartha, L., et al, Multiple chemical sensitivity : a 1999 consensus. Archives of Environmental Health : An International Journal, 1999. 54 (3) : p. 147-149.
McKeown-Eyssen, G.E., et al, Multiple chemical sensitivity : discriminant validity of case definitions. Archives of Environmental Health : An International Journal, 2001. 56 (5) : p. 406-412.
Nethercott, J.R., et al, Multiple chemical sensitivities syndrome : toward a working case definition. Archives of Environmental Health : An International Journal, 1993. 48 (1) : p. 19-26.
Ministère de la santé et des soins de longue durée de l’Ontario, Guiding Principles for the Diagnosis of Environmental Sensitivities/Multiple Chemical Sensitivity. Centre pour la pratique efficace, 2018.
Nous remercions notre partenaire, l’Association pour la santé environnementale du Québec, d’avoir mis ses recherches et ses résultats à notre disposition. Pour plus d’informations, veuillez consulter leur site web.