La vie de tous les jours : Produits ménagers sûrs, qualité de l’air et équité
Fiche d’information sur les produits chimiques ménagers et la qualité de l’air

Les produits ménagers ont un impact sur la qualité de l’air intérieur. Étant donné que la majorité des produits de soins personnels (tels que les shampooings, les lotions, les parfums et les aérosols), les nettoyants ménagers, les produits de rénovation, les meubles, les matériaux de construction, les désodorisants, les bougies et l’encens sont en partie fabriqués à partir de produits pétrochimiques, lorsque nous les utilisons, une partie d’entre eux passe de l’état solide à l’état gazeux et se propage dans la haute atmosphère et dans nos poumons. L’atmosphère est composée de 78 % d’azote et de 21 % d’oxygène ; des particules et des gaz y pénètrent donc en permanence et y subissent des réactions chimiques.

Les produits pétrochimiques sont des produits chimiques fabriqués par l’homme et dérivés de combustibles fossiles, notamment le pétrole, le gaz naturel et le charbon. Ils peuvent parcourir de grandes distances. Les produits pétrochimiques peuvent polluer l’air, l’eau et le sol. Ils peuvent le faire lors de l’extraction, de la fabrication, du transport, lorsque nous les utilisons dans nos maisons et lorsqu’ils sont éliminés en tant que déchets ménagers dangereux (tels que les produits chimiques de rénovation, les produits pharmaceutiques et les produits de beauté comme le vernis à ongles, les parfums et les aérosols). Bien que les gaz chimiques soient également libérés par de nombreuses sources naturelles, notamment les éruptions volcaniques, les incendies de forêt, les moisissures, les plantes et les bactéries, l’homme a synthétisé, au cours des dernières générations, un nombre sans précédent de nouveaux produits pétrochimiques.

Si tous les produits chimiques ne sont pas toxiques, et si beaucoup sont essentiels à la vie moderne telle que nous la connaissons, beaucoup sont toxiques, ou ont le potentiel de l’être, mais n’ont pas encore fait l’objet d’une évaluation adéquate en termes de sécurité ou d’accessibilité. Certaines expositions à des produits chimiques peuvent avoir des effets aigus sur notre santé (à court terme), tandis que d’autres peuvent avoir des effets à long terme, après de nombreuses années d’exposition cumulée. Les produits chimiques peuvent également être invalidants. Pour les personnes atteintes de sensibilité chimique multiple (SCM), de sensibilité aux parfums ou d’autres maladies chroniques affectées par la qualité de l’air, telles que la BPCO, l’asthme ou la migraine, les produits chimiques présents dans l’air peuvent constituer un obstacle à l’accessibilité.

Pour contribuer à créer des environnements accessibles et sains pour tous, il est important d’utiliser les produits les moins toxiques dans votre maison. Les produits ménagers jouent un rôle important dans la détermination de la qualité de l’air dans les espaces intérieurs, ainsi que dans l’amélioration de l’accessibilité pour les personnes atteintes de SCM. La recherche a également montré que les produits ménagers jouent un rôle important dans la qualité de l’air

extérieur. Notre utilisation domestique de tous ces produits s’additionne – collectivement, elle peut avoir un impact sur la qualité de l’air de notre communauté, de notre ville, et même contribuer au changement climatique.

Au Canada, la toxicité des produits chimiques est actuellement évaluée dans le cadre de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE) de 1999. En 2022, la LCPE a été mise à jour avec le projet de loi S-5, la « Loi renforçant la protection de l’environnement pour un Canada plus sain ». Une nouvelle partie importante de cette loi inclut le droit à un environnement sain pour tous. Des groupes tels que la Coalition pour l’Action sur les Substances Toxiques s’efforcent actuellement de faire en sorte que ce droit soit respecté au Canada.

Choisir des produits ménagers sûrs et sains

Le guide La Vie Ecolo est une ressource utile pour le choix des produits chimiques ménagers. Il propose des choix de produits plus sains et sans parfum, ainsi que des produits faits maison qui fonctionnent tout aussi bien et sont rentables tout en étant sains et bons pour l’environnement. Il contient également des informations sur les modes de vie les moins toxiques dans nos maisons.

Choisir des produits sains peut s’avérer difficile et déconcertant. Il existe aujourd’hui un grand nombre de produits sur le marché, dont certains portent des mentions telles que « naturel », « écologique », « vert », « biodégradable « ou « bon pour l’environnement » mais il est difficile de vérifier ces informations. On parle d’écoblanchiment (greenwashing) lorsqu’un produit se présente comme sûr et sain, mais qu’il contient en fait des produits chimiques toxiques. Pour en savoir plus sur la façon d’éviter les produits chimiques qui peuvent nuire à votre santé, consultez ce guide sur la façon de mieux choisir vosproduits.

L’Environmental Working Group fournit également une liste complète de produits plus sains dans de nombreuses catégories différentes. Visitez son site web et consultez ses guides du consommateur ici. (En anglais seulement).

Qualité de l’air intérieur, équité et justice environnementale Qu’est-ce que l’équité ?

Selon le Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE) :

L’équité environnementale est souvent confondue avec la justice environnementale, deux termes utilisés pour décrire des approches visant à corriger les iniquités environnementales. Bien que leur sens soit similaire, on parle d’équité environnementale dans les circonstances où aucun groupe, sans égard à sa position sociale, ne serait défavorisé lorsqu’il fait face à des expositions environnementales dangereuses ou à des catastrophes naturelles. Cela exige de repérer les iniquités et de fournir aux personnes affectées le soutien dont elles ont besoin pour atteindre une position d’équité’.

La justice environnementale va plus loin ; on parle des mesures et de l’activisme nécessaires pour mettre en lumière les iniquités environnementales afin d’en traiter les causes fondamentales et d’obtenir des résultats équitables et durables. La trousse d’outils de l’Environmental Protection Agency des États-Unis définit plus précisément la justice environnementale comme la recherche de l’égalité dans le traitement et la participation des personnes de toutes les races, cultures, niveaux de revenus et de scolarité à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’application des programmes, des lois, des règlements et des politiques’.

Ainsi, si la défense du handicap et le soutien des besoins d’accès des personnes vivant avec la SCM est une question d’équité, elle est également liée à la justice environnementale.

La qualité de l’air intérieur est l’une des préoccupations les plus importantes en matière de santé, de sécurité et d’accessibilité, car une qualité de l’air équitable est un élément clé de la justice environnementale. Dans un monde où la pollution est omniprésente, il ne peut y avoir d’environnements sûrs sans une collaboration active pour créer un air accessible. L’exposition aux produits chimiques et la qualité de l’air intérieur font partie d’un ensemble plus large de conséquences et d’enjeux et environnementaux inégaux qui varient en fonction du sexe, de la classe sociale, de l’appartenance ethnique et des capacités. De nombreuses populations vulnérables sont inégalement touchées par la pollution de l’air et l’exposition aux produits chimiques, notamment les minorités visibles, les nations autochtones et d’autres groupes racialisés, les personnes vivant de l’aide sociale ou de la pauvreté, les personnes souffrant d’insécurité alimentaire ou ayant des besoins impérieux en matière de logement, les personnes âgées, les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques, de pathologies chroniques et de handicaps.

Bien que chacun soit affecté différemment par la présence de produits chimiques, d’odeurs et de parfums, de nombreux Canadiens sont soumis à une charge d’exposition disproportionnée à leur domicile et sur leur lieu de travail tous les jours. De nombreuses personnes supportent une mauvaise qualité de l’air afin d’éviter l’insécurité du logement ou de conserver leur emploi. Par exemple, les locataires peuvent avoir des niveaux et des types d’exposition différents de ceux des propriétaires, qui se recoupent avec les différents niveaux et types d’exposition subis par les personnes vivant dans la pauvreté. Il s’agit notamment des moisissures, de la fumée secondaire, du chauffage à air pulsé, d’une mauvaise ventilation, de la pulvérisation de pesticides, de la rénovation des logements voisins et de la proximité d’une circulation dense, d’une industrie ou d’autres zones extérieures polluées.

La qualité de l’air est également de plus en plus affectée par le changement climatique. Les changements météorologiques influencent notre exposition à la pollution de l’air extérieur et intérieur. L’augmentation des catastrophes naturelles telles que les sécheresses, les ouragans et la fumée des incendies de forêt influencent également notre exposition aux produits chimiques et à la pollution de l’air.

Améliorer la qualité de l’air intérieur

Le rapport de 2013 du Comité canadien sur la qualité de l’air intérieur et les bâtiments met en lumière des stratégies visant à améliorer la qualité de l’air intérieur. Certaines de ces stratégies comprennent :

  • éliminer les produits chimiques (y compris les produits parfumés) de la maison
  • identifier les sources d’entrée de polluants et les atténuer, par exemple en installant des filtres sur les prises d’air ou les bouches d’air forcé, ou en créant un environnement domestique exempt de fumée et d’odeurs
  • l’utilisation d’un filtre à air HEPA et/ou à charbon actif
  • améliorer la ventilation, par exemple en ouvrant les fenêtres ou en installant des hottes de cuisine et des ventilateurs de salle de bains fonctionnant correctement
  • dans les cas les plus extrêmes, réduire les dégagements gazeux des matériaux de construction et des meubles (par exemple en les remplaçant par des produits qui ne dégagent pas de gaz, en les retirant temporairement de la maison ou en installant des matériaux qui empêchent les dégagements gazeux de se produire) ou, si nécessaire, déménager dans un environnement plus sûr.

Si vous êtes propriétaire, vous pouvez demander à vos voisins de vous avertir lorsqu’ils effectuent des réparations afin que vous puissiez fermer vos fenêtres et votre échangeur d’air. En tant que locataire, vous pouvez demander que les réparations soient notifiées, que les réparations ou les rénovations ne soient pas effectuées pendant les mois d’hiver, que les moisissures soient enlevées correctement, que des produits non toxiques soient utilisés pour nettoyer les couloirs, etc.

Moisissures et qualité de l’air

Les moisissures constituent une autre source importante d’exposition qui influe sur la qualité de l’air dans nos maisons. Les moisissures ont toujours existé ; on les trouve à peu près partout.

En fait, là où il y a de la vie, il y a de la moisissure. Les problèmes surviennent lorsque des concentrations de moisissures se développent dans des espaces clos, comme nos maisons, ou lorsque nous vivons dans des zones très humides.

La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime que plus de 60 % des sous-sols finis présentent des moisissures dans leurs cloisons sèches. Elle a également constaté qu’environ 40 % des moisissures présentes dans ces sous-sols sont toxiques, ce qui signifie que si vous avez un sous-sol aménagé, vous avez plus de 25 % de chances d’avoir des moisissures malsaines dans votre maison.

Moisissures et santé

Il existe des milliers d’espèces de moisissures qui se présentent sous différentes formes et couleurs. Certaines sont des allergènes, d’autres peuvent vous sensibiliser (c’est-à-dire qu’elles peuvent vous rendre plus susceptible de réagir à d’autres allergènes) et d’autres encore

produisent des toxines, connues sous le nom de mycotoxines, qui peuvent être très dangereuses. Un nombre croissant de travaux de recherche étudie les liens entre l’exposition aux moisissures et les effets sur la santé tels que la fatigue chronique, les symptômes neurologiques, les effets cognitifs comme le brouillard cérébral et l’immunotoxicité.

Stachybotrys, une moisissure noire, est de loin la plus toxique pour la santé humaine. Il existe d’autres moisissures noires, il est donc important de noter que si la moisissure semble noire, cela ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit de Stachybotrys.

Voici quelques-uns des symptômes que l’on peut ressentir à la suite d’une exposition aux moisissures :

  • Éternuements
  • Nez qui coule ou qui est bouché
  • Toux et écoulement post-nasal
  • Démangeaisons des yeux, du nez et de la gorge
  • Yeux larmoyants
  • Peau sèche et squameuse
  • Toux
  • Respiration sifflante
  • Essoufflement
  • Oppression thoracique

(Source : Mayo Clinic)

Si vous craignez que l’exposition aux moisissures ait un impact sur votre santé, il est possible de payer des tests sanguins pour rechercher des mycotoxines ou des anticorps contre certaines espèces de moisissures. Il est parfois difficile d’établir un lien entre les symptômes et l’exposition aux moisissures. Les symptômes peuvent varier et être intermittents, car les moisissures peuvent dégager différentes toxines à différents moments de la journée et à différentes températures.

Gestion des moisissures

La meilleure stratégie pour gérer l’exposition aux moisissures et la santé est la prévention. Les moisissures se développent lorsque le taux d’humidité est supérieur à 70 %. Achetez un hygromètre dans votre magasin de bricolage et utilisez-le pour mesurer le taux d’humidité. Le taux d’humidité doit se situer entre 30 % et 55 %, plus près de 30 % en hiver. N’oubliez pas qu’une mesure effectuée au milieu de la pièce peut être plus basse qu’une mesure prise près d’une fenêtre ou derrière un meuble. Augmentez la ventilation ou utilisez un déshumidificateur pour éliminer l’excès d’humidité, mais veillez à le nettoyer régulièrement pour éviter la formation de moisissures. Ne placez pas de meubles lourds contre un mur extérieur.

Veillez à ce que la maison soit correctement drainée. Les gouttières et les tuyaux de descente doivent s’écouler loin de la maison et le sol doit être nivelé loin de la maison.

Les moisissures ont besoin d’humidité pour se développer, bien que certaines espèces continuent à produire des spores même lorsqu’elles sont sèches. Ces spores se fixent sur la poussière de votre environnement et peuvent contaminer toute votre maison. Dans une maison où la quantité de moisissures est élevée, les spores peuvent se développer sur la cellulose (y compris les matelas, les articles en peluche, les livres, le papier, les cloisons sèches et l’isolation). Si vous remarquez des signes visibles de moisissure, par exemple autour du calfeutrage de la salle de bains, ou sur des murs ou des plafonds humides, vous pouvez être sûr qu’il y a beaucoup plus de moisissures que ce que l’œil peut voir.

La moisissure commence à se développer sur une surface humide dans les 24 à 48 heures. Pour éviter la formation de moisissures, toute fuite ou dégât des eaux doit être colmaté et soigneusement séché dans les 48 heures.

**Il est à noter que des moisissures peuvent également se développer dans la terre des plantes d’intérieur. Si vous êtes sensible aux moisissures, il est recommandé de réduire le nombre de plantes d’intérieur**.

Y a-t-il des moisissures dans ma maison ?

Si vous soupçonnez la présence de moisissures, vous devrez peut-être faire appel à un professionnel réputé qui pourra inspecter et tester la qualité de l’air dans votre maison. Les cultures peuvent être prélevées dans une boîte de Petri ou dans la poussière domestique (certains experts suggèrent que le prélèvement de poussière est plus précis). L’échantillonnage des moisissures vous indiquera si l’air intérieur contient un niveau inacceptable de moisissures. Une inspection à l’aide d’un appareil mesurant l’humidité dans les murs indiquera où se situe le problème. Les professionnels peuvent également disposer de caméras miniatures qui leur permettent de repérer les moisissures cachées à l’intérieur des murs, ou de caméras infrarouges qui peuvent indiquer les changements de température et les endroits où l’humidité peut s’infiltrer. Il existe également des chiens dressés pour détecter la présence de moisissures.

Une fois que vous avez localisé le problème, il faut enlever tous les matériaux humides et moisis visibles, ainsi qu’une zone plus large où les moisissures ont commencé à se développer. Cette opération doit être effectuée par un professionnel qui veillera à ce que la zone soit correctement confinée afin que les spores ne soient pas libérées dans le reste de la maison.

Une fois la source éliminée, il faut procéder à un « nettoyage de printemps. » Il s’agit de laver un maximum d’objets à l’eau chaude, d’exposer au soleil les objets rembourrés tels que les matelas et les canapés, de laver les murs et les plafonds ainsi que toutes les surfaces horizontales de la maison avec un chiffon humide et un savon non parfumé, puis de rincer une nouvelle fois avec un chiffon essoré. L’élimination complète de la source est généralement suffisante. Si la contamination est importante, vous pouvez effectuer un deuxième test de qualité de l’air après six mois.

**Remarque : n’utilisez pas d’eau de Javel pour nettoyer les moisissures, car cela encouragerait la moisissure à libérer des spores ou des mycotoxines. Ne laissez jamais un professionnel

appliquer un fongicide à l’intérieur de vos murs, surtout si vous êtes atteint(e) de sensibilités chimiques multiples. Le peroxyde d’hydrogène de qualité alimentaire peut être utilisé si vous voulez absolument mettre quelque chose dans le mur. **